Une commune rurale teste l'open data avec la participation des habitants
Brocas (40)
Initiative
Engagée dans une démarche d’ouverture de ses données depuis 2011, la commune de Brocas (Landes 800 habitants) a mobilisé ses habitants pour générer, analyser et mettre à disposition toutes sortes d’informations relatives au territoire communal.
Enjeux
L’initiative consistant à faire participer les habitants est née de la rencontre de deux démarches : celle de la commune de Brocas, et celle de l’association LiberTic qui cherchait un territoire pilote en milieu rural pour modéliser une opération participative d’ouverture des données. Ainsi est organisée "l’Opération Libre" qui se déroule du vendredi 5 au dimanche 7 avril 2013. Informés par flyers et au cours d’une réunion publique un mois auparavant, les habitants sont invités à découvrir les principes de l’open data, lister les contenus dont ils souhaitent la mise à disposition, partager leurs archives, participer à des collectes de données et prises de vues, analyser les données disponibles et enfin se former aux outils (Wikimedia Commons, Openstreetmap, Wikipedia…). Une cinquantaine d’habitants y participent. L’opération porte à 55 Go la masse des données ouvertes de la commune (pas encore toutes exploitées) et produit des effets inattendus.
Mise en oeuvre
Dans un premier temps, la commune s’attelle à la création d’une plate-forme de partage de données (http://opendata.brocas.fr), se heurtant à des questions techniques plus ou moins ardues. Les documents immédiatement disponibles sont mis en ligne : comptes-rendus des conseils municipaux, images d’événements... "Cela ne s’est pas toujours bien passé ; j’ai commis des erreurs par méconnaissance des formats les plus adaptés, explique Jean-Christophe Élineau, conseiller municipal en charge de la communication et de l’innovation numérique, et également un informaticien actif dans la communauté du logiciel libre. Je ne conseillerais pas à une commune de se lancer seule dans une telle opération." Par la suite, la commune optera pour une publication de ses données sur le portail du département voisin, la Gironde (catalogue.datalocale.fr), qui offre des services plus poussés pour la standardisation des formats.
Dans un second temps, l’élu travaille avec les services municipaux pour accroître le type d’informations mises à disposition : financières, touristiques, scolaires, forestières…
Puis, munis de leurs archives, les habitants alimentent la description de la commune sur Wikipédia. L’organisation d’une "cartopartie" permet de collecter des données topographiques et architecturales pour cartographier le territoire communal dans l’outil Openstreetmap. L’atelier Flore animé par l’association Tela Botanica fait découvrir la richesse de la biodiversité locale : une centaine d’espèces botaniques sont identifiées et géolocalisées. La photothèque s’enrichit de 150 vues aériennes réalisées en paramoteur avec l’autorisation de la base voisine. Plus inattendu, cette redécouverte du patrimoine incite un groupe d’habitants à entamer des démarches pour récupérer une fresque romaine dérobée durant la Seconde guerre mondiale.
Bilan et perspectives
Le partage des données est plus simple lorsqu’elles sont produites dans un logiciel libre, mais il n’existe pas de solution libre pour l’ensemble des applications métier utilisées par une collectivité. De plus, des problèmes de compatibilité peuvent se poser pour l’échange des documents avec d’autres administrations, explique Jean-Christophe Élineau. Une démarche open data nécessite un travail avec le personnel pour produire les données dans le format adéquat dès le départ. Un changement des outils ou des habitudes de travail peut être nécessaire.
Au final, la commune tire un bilan positif de l’opération, qui ouvre des perspectives pour moderniser l’action publique en approfondissant un mode de travail collaboratif.
Pour aller plus loin
http://www.brocas.fr
Retrouvez plus d'autres initiatives sur le site de Localtis.
Rubrique Expériences